Ce texte est un one shot tiré de ma fic Lithodora, POV de Ambre, écrit à la demande de Loni. Je ne le mets pas à la suite de ma fic parce qu'il est à part dans l'histoire. Voilà... pour en savoir un petit peu plus sur le personnage d'Ambre ^^!!
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
Talons aiguilles
J’ai toujours rêvé d’entrer dans la police. Depuis toute petite, c’était une idée fixe.
Loin de moi l’idée de croupir derrière un bureau enterrée dans les dossiers de plaintes contre le voisinage ou de faire la circulation dans une ville paumée. Non. Je désirais devenir agent de la Police Terrestre, la plus haute autorité du pays.
Moi Ambre, un jour pas si lointain, j’arborerai cet insigne si prestigieux et convoité…
Ma mère en a longtemps été malade. Déjà que mon frère la perturbait avec son caractère si particulier. Je crois qu’elle comptait sur moi pour demeurer une enfant normale, une jeune fille avec qui elle aurait fait les magasins, discuté chiffons et soutenu lors du choix d’une profession calme et féminine.
Cruelle déception.
Durant une grande partie de ma vie, j’ai négligé féminité, amour, etc. pour me consacrer à un entrainement physique draconien et à l’étude de la criminologie. Dans ma chambre d’adolescente, ce n’était qu’un empilement de vêtements de sport, baskets, de couteaux, de révolver, plus des photos de crimes sanglants.
Si ma mère était anéantie, mon père prenait la chose avec philosophie.
« Vu le don de cette petite, on va la retrouver soit flic soit terroriste. Entre deux maux… »
Cette réflexion n’était pas dénuée de sens. Comment exercer un métier normal quand votre don consistait à savoir se servir immédiatement de n’importe quelle arme ?
C’est ainsi qu’à trente-six ans maintenant, je me trouvais intégrée, depuis un moment déjà, au sein de la Police Terrestre. Je m’y plaisais même si jouer les baby-sitters de Litho se révélait parfois éprouvant.
Je pense que ma mère a fini par accepter la situation. Elle me voit toujours en tailleur impeccable, maquillée et coiffée. Agent de liaison recruteur… pour elle un travail sans violence, une sorte de super secrétaire.
Elle me répétait souvent qu’elle était ravie de voir que j’étais devenue raisonnable et que ce travail restait respectable. Après tout, je demeurais dans les bureaux n’est-ce pas ?
Je souriais toujours à ce discours et elle partait rassurée.
En plus, je m’étais mariée, autre source de réconfort pour elle, même si Marc, mon mari, la laissait parfois très perplexe. Il ne fallait pas oublier que Marc était le meilleur ami de mon frère chose suspecte en soi.
- Vous pouvez rentrer Ambre, il est déjà très tard. Je suis désolé de vous avoir retenu si longtemps.
Mon patron me répétait ça tous les soirs ou plutôt tous les matins vu qu’il ne devait pas être loin d’une heure.
- Merci Monsieur. Au revoir Monsieur.
Contrairement à beaucoup d’agents, je ne résidais pas dans la tour préférant de beaucoup mon modeste immeuble de banlieue de cinquante étages. Bien sûr le trajet était un peu long, mais avec la station de métro tout à côté cela allait.
J’aimais cette ville endormie, j’aimais y errer en solitaire, m’enfoncer dans les entrailles du métro et avoir un wagon pour moi toute seule. Quelques passants isolés çà et là. Ouvriers rentrant du travail, étudiants éméchés sortant de boite et le lot habituel de types peu recommandables cherchant un portefeuille ou une fille à tirer.
- Whah t’as vu la femme ?? Canon !! C’est un mannequin tu crois ?
Un homme parlait de moi à son ami en me montrant élégamment du doigt. Ayant laissé mon arme et mon insigne au bureau comme l’exigeait la procédure, avec ma jupe stricte et mes talons, je faisais plus assistante de direction que mannequin. Mais c’était gentil de leur part. Tous les jours c’était comme ça, des remarques, parfois une drague plus directe et parfois… un violeur essayait de me trousser entre deux banquettes.
Comme maintenant. Le souffle rauque, la voix ironique, un couteau à la main, il m’intimait de me laisser faire. Je jetais un coup d’œil vers mes admirateurs. Pétrifiés, ils contemplaient la scène. Pas d’aide de ce côté-là. Une main moite sur mes seins me fit soupirer. Dire que depuis trois jours, il n’y avait plus eu d’incident.
- C’est bien ma belle laisse toi faire, écarte les jambes.
J’obéis.
Cet ordre m’arrangeait puisqu’il me permettait de me laisser aller, de laisser pendre mes bras et de virer mes chaussures à terre. Je lui souris. Je souriais toujours et ça les surprenait toujours, les figeant la main sur leur braguette. Où était le plaisir du viol si la victime semblait ravie ?
Ravie, je ne l’étais pourtant pas. Cette paire de chaussures, je l’avais acheté hier. Et le talon de l’une d’elles finit bien planté dans la tempe de mon agresseur.
Juste un petit trou. Une mort rapide.
Penser à amener ma veste au pressing surtout !
Une voix désincarnée annonçait mon arrêt. Zut ! Je poussais le cadavre.
- Excusez-moi messieurs, mais je descends ici. Auriez-vous l’obligeance d’appeler la police à ma place ? Il faut rester près du corps jusqu’à leur arrivée. Remettez-leur ma carte, ainsi ils pourront me contacter pour ma déposition. Merci encore !!
C’est pieds nus que je rentrais chez moi, un seul soulier à la main.
Marc était là, légèrement avachi dans un fauteuil, un verre de vin à la main et un autre posé sur la petite tablette à côté n’attendait que moi.
- Bonsoir ma chérie ! Ça a été ta journée ?
- Très bien ! La routine.
Son regard tomba sur mes pieds.
- Tu sais… tu devrais peut-être essayer de repasser ton permis. On dit que la huitième fois c’est la bonne. Ou alors signer un contrat avec un taxi…
Nous avions déjà eu cette conversation.
- Nous ne pouvons pas nous permettre de telles dépenses en ce moment tu le sais.
Non que je gagnais mal ma vie, mais il y avait le loyer de l’appartement, les recherches de Marc qui rapportaient plus de gloire que d’argent et ses chers livres l’environnant lesquels coutaient chacun une petite fortune, plus ma collection de révolvers…
- Oui mais…
Il regarda à nouveau mes pieds.
- Cela nous enlèverait ton budget talons aiguilles.
Là, il n’avait pas tort.
FIN