Thème : K.O
Genre : OS/Hurt & Comfort.
Pairing : Johnny/Sasha.
Notes: Beaucoup de haine dans cet OS. Désolé, je devais me vider d’ondes négatives. MAIS un bel Happy end ! Je sais que j’ai aussi évoqué Gaël et Zoran, mais étant donné que mon OS est déjà assez long, je les réserverai pour une autre fic.
Le bruit des lames qui virevoltait sur la glace déchirait le silence pesant de la patinoire. La saison de compétition était définitivement terminée mais ce n’était pas une raison pour arrêter l’entraînement. Il ne le pouvait ni physiquement, ni moralement. Sans la glace, il n’était rien. Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai. Sans la glace
ET Sasha, il n’était rien mais l’un faisait partie intégrante de l’autre.
Johnny se concentrait sur son Lutz, le troisième qu’il ratait depuis ce matin. Et à chacune de ses chutes, il pouvait entendre le petit soupir d’abattement et d’inquiétude provenant des gradins. Galina marmonna quelque chose en russe entre ses dents que ni Sasha ni Johnny ne distinguèrent. Si elle avait remarqué la présence du russe à chacun des entraînements de son élève, elle ne l’appréciait guère. Il était inutile de dire qu’elle ne connaissait pas la vraie nature des relations qu’entretenaient les deux hommes. Johnny portait son alliance attachée à sa chaîne en or et Galina se fichait éperdument de savoir que Sasha était marié. Si seulement elle savait...
Le jeune homme se releva et s’avança vers la barrière. Sasha lui tendit une serviette éponge et une bouteille de jus de grenade. Ils s’observèrent un instant, un sourire mutin éclairant leur visage. Mais Sasha pouvait bien voir la tension qui prenait possession des muscles de son homme. Il savait, étant lui-même patineur à ses heures perdues, que son corps ne lui répondait plus. Même avec la meilleure des volontés, il n’arriverait pas à caser son Lutz. Et Galina le savait parfaitement bien. Sasha lui lança un regard désapprobateur. Elle avait tort de pousser Johnny à bout, le plaçant dans ses retranchements. Il allait péter les plombs à un moment où un autre. Et ce moment vint quand l’entraîneuse lança une autre pique de son cru à un patineur plus qu’à bout.
Johnny, n’en pouvant plus, s’élança vers la barrière opposée sans dire un mot. Il sortit à la hâte et à la vue de ses gestes saccadés, Sasha savait qu’il pleurait. Ce n’était pas la première fois que les remarques de Galina avaient arraché des larmes – justifiées – à son mari. Il ne pouvait plus le supporter. Sasha se leva d’un bond et vociféra dans sa direction :
-‘Vous êtes satisfaite ? Ca ne vous suffit pas de le faire travailler sans relâche, de le rendre complètement K.O ?’ Son regard était méprisant, comme si elle avait subitemment compris. Toujours en russe, elle lui répondit d’un ton cassant :
-‘Je ne sais pas si c’est moi qui le fatigue le plus ou si vos fornications ne l’auront pas bientôt achevé.’ Elle s’approcha de lui assez près pour lui murmurer d’une voix pleine d’arrogance :
‘ Je sais très bien ce que vous êtes et ce que vous avez fait de lui. Vous êtes un animal dangereux dont il faut se méfier. Mais lorsqu’il aura à faire un choix, et ce moment arrivera, croyez-vous qu’il choisira une petite salope telle que vous ?’ Au moment où elle s’apprêtait à lever la main pour lui coller une baffe, le poignet de Galina fut enserré avec force par la main de Johnny.
Elle croisa son regard noir, ses yeux contenant une fureur qu’elle n’avait jamais vue.
-‘Ca suffit.’ Siffla Johnny entre ses dents et tous savaient qu’il était dangereux de le voir dans un tel état.
‘Je veux que tu prennes tes affaires et que tu ne remettes plus jamais les pieds ici en ma présence. Tu es virée.’ Galina éclata d’un rire à en glacer le sang.
-‘Tu ne peux pas me renvoyer. Qui t’entraînera à présent ?’ -‘Ce n’est plus ton souci’ répondit Johnny, la voix toujours menaçante. C’était ainsi qu’il fallait se séparer de ceux qui nous voulaient du mal, son père le lui avait appris.
‘Mais pour ta gouverne, Priscilla viendra reprendre la relève. Je suis fatigué de tes sarcasmes, de tes remarques cinglantes et de ton insatisfaction.’ -‘Elle a toujours accouru au moindre de tes appels comme un petit chien obéissant.’ Dit-elle en s’approchant du jeune homme, le défiant du regard.
‘Je parie que ton « ami » est tout aussi obéissant.’ -‘Je n’ai aucune explication à te donner. Contrairement à Priscilla et Sasha, tu ne fais pas partie de ma famille.’ La voix forte de Galina s’éleva dans le silence de la patinoire comme un éclair déchirant le ciel.
-‘Je t’ai fait Johnny ! Sans moi, tu ne serais pas le sportif que tu es. Sans moi, tu n’es rien.’ Siffla-t-elle avec mépris.
Ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre et la tension était à son paroxysme.
-‘Sans lui, je ne suis rien. Maintenant, prends tes affaires.’ -‘Tu le regretteras.’ Menaça Galina, que Johnny avait de plus en plus de mal à reconnaître. Lui-même s’effrayait de son discours mais la colère avait pris possession de son être.
-‘Ne m’oblige pas à me répéter. Je n’ai jamais levé la main sur une femme, ne m’oblige pas à faire de toi la première.’ Pour la première fois depuis le début de leur esclandre, Galina vit une lueur de violence contenue voiler le regard vert du jeune homme. Il était on ne peut plus sérieux. Alors comme un serpent rentre dans son trou lorsque le danger approche, elle se retira sans plus dire un mot mais le masque de colère qu’elle arborait sur son visage parlait de lui-même.
Ce ne fut que lorsqu’elle fut définitivement partie que Johnny se laissa glisser le long de la barrière. Sasha se précipita à ses côtés, le voyant défaillir. Le corps du jeune homme tremblait de tous ses membres, secoué par les sanglots de rage qu’il devait libérer. Le russe agrippa les épaules de son homme et l’entoura de ses bras pour le plonger dans une étreinte réconfortante. Il lui murmura de douces paroles que Johnny n’était plus en mesure de comprendre, tant il était lessivé par les derniers évènements. Il n’était même pas certain que Priscilla veuille bien le reprendre comme élève. Pour le moment, il n’arrivait plus à réfléchir et il avait terriblement besoin de Sasha. Il avait besoin qu’il soit le leader, pour une fois.
Après quelques minutes passées dans cette position, le jeune homme releva la tête et la plaça contre la barrière. Il avait besoin d’un appui. Lorsqu’il plongea son regard dans celui de Sasha, il avait la tête lourde et le regard vitreux.
-‘Ca va mieux ?’ lui demanda doucement son homme en plaçant une main sur son épaule.
-‘Je n’en peux plus...’ répondit Johnny, la voix éraillée et éteinte. Cela brisait le cœur de Sasha de le voir ainsi, si faible. Pour ne rien arranger, le jeune homme partit dans une quinte de toux qui ne semblait plus finir. Sa récente pneumonie menaçait tout bonnement de revenir à l’assaut, comme si la maladie avait compris l’état de fatigue extrême dans lequel le jeune homme se trouvait.
Sasha n’eut aucune peine à le relever avec aisance, Johnny n’étant plus qu’un poids plume. Combien de kilos avait-il perdu en deux mois d’entraînement ? Et pourtant, Galina l’avait encore mis au régime, supprimant ses petits plaisirs comme le fromage et le chocolat. Sasha était convaincu que cette femme avait bien failli le tuer. Il le souleva dans ses bras sans même prendre le temps de passer par les vestiaires pour le changer et l’installa aussi confortablement que possible dans la voiture. En observant son mari sur le siège passager, il vit qu’il était déjà endormi. Peut-être même avait-il perdu connaissance, assailli par trop de pression. Il lui fallut une vingtaine de minutes pour rejoindre leur appartement où il installa Johnny dans leur grand lit trop souvent vide et froid. Dans les minutes qui suivirent, il n'oublia pas de téléphoner à quelques personnes mais surtout, au médecin.
Johnny ouvrit les yeux sur un monde troublé. La pièce était blanche comme le rink, pourtant il savait qu'il n'y était plus. Il espérait ne plus y être. Cet endroit si familier et aimé lui donnait à présent envie de vomir, les visions de Galina le dégradant sur la glace prenant possession de son esprit. Une main douce comme le velours vint se poser sur sa joue. Sasha. Il était là, le gratifiant de son plus beau sourire, ce qui gonfla de joie le coeur du jeune homme. Tout irait bien puisque son mari était à ses côtés. Sasha lui déposa un chaste baiser sur le front, profitant de leur proximité pour respirer le parfum de ses cheveux, ce shampoing au miel qu'il aimait tant.
-'Bienvenue, la Belle au bois dormant.' murmura Sasha, l'oeil espiègle.
Johnny bailla une dernière fois avant de demander:
-'Depuis combien de temps je suis là?' -'Tu dors depuis 8 heures. Tu étais au dela de l'épuisement, mon ange. Le médecin t'a fait une injection d'antibiotiques pour ta récidive de pneumonie et il t'a placé sous traitement. Tu ne pourras pas patiner pendant quelques semaines...' termina Sasha, conscient de ce qu'il imposait à son homme.
-'Je m'en fiche. Si tu savais à quel point. Je vais m'éloigner de tout ça quelques temps... j'ai besoin de passer du temps avec toi.' insista-t-il, ce qui les fit sourire tous les deux.
-'Tu te sens d'attaque pour te lever?' demanda Sasha qui fut gratifié d'un hochement de tête. Il aida son homme à se redresser, puis le soutint et l'aida à avancer. Johnny était encore très faible mais il faisait son possible pour ne pas vaciller.
-'Ca sent rûdement bon... Je crève de faim.' Ils entrèrent dans le salon et Sasha aida Johnny à s'installer sur le canapé. Puis il retourna à la cuisine afin de mettre les pancakes qu'il avait préparé sur une assiète. Une bonne surprise n'arrivant jamais seule, il profita que son homme ait les yeux fermés pour lui amener une autre bonne surprise.
-'Qu'est-ce que tu me prépares?' demanda Johnny, curieux, la fatigue et la tension semblant s'être envolées.
-'Regarde qui je t'ai ramené.' lança Sasha, faisant ainsi ouvrir les yeux de son homme.
Il ne pleurait pas mais les larmes bordaient ses yeux et la joie qui gonflait son coeur était indescriptible. Dans son salon étaient réunies les personnes les plus importantes à ses yeux: Priscilla, sa coach de toujours et Tara, son attaché de presse bien aimée. Deux amies chères à son coeur. Avec Sasha, le tableau idyllique était complet. Cela semblait presque trop beau pour être vrai. Mais Johnny s'en moquait. Peut-être cet idyllisme était-il éphémère mais au moins, il existait. C'était tout ce qui comptait à cet instant précis.
FIN