Bon je poste avant de changer d'avis.
Avec les mots : intérêt, branche, cuir, tube, rayon, rayure, numéro, club, prince et coexister
J'arrivais pas à me décider pour une photo, mais voici celle que j'ai choisi :
Histoire un peu bizarre, mais bon j'ai bien aimé l'écrire.
Dérrière les murs"Tout le monde descend et plus vite que ça ! Je veux plus voir personne dans ce car dans moins de trente secondes."Ça y est, nous y sommes.
Le plus calmement que mes nerfs me le permettent, je traverse ce long couloir pour descendre à mon tour du véhicule qui vient de nous transporter. Il n'a pas cessé de pleuvoir tout au long du trajet. A mes cotés, un gamin très certainement plus jeune que moi n'aura cessé au cours du voyage de pleurer doucement sans un bruit. J'aurais pu lui dire un mot de réconfort ou laisser paraître un simple geste de soutien. Mais je n'en ai rien fait. Notre surveillant nous avait demandé de rester silencieux et immobile. Je n'ai pas bougé d'un seul millimètre.
A présent que mes pieds foulent enfin le sol, je prend le risque de relever enfin les yeux. Ce que je vois est effrayant de simplicité. Quatre murs, loin d'être un palace, on ne sera pas traité comme des princes, loin de là, d'un coté c'est normal. Des murs de pierres qui vont être mes compagnons pour les quatre prochaines années. Trèes sombre, avec un lampadaires tous les 5 mètres.
Après avoir traversé une sorte de passage sous l'un des blocs de rétention, notre car s'est donc arrêté au centre même d'une cour intérieure.
Moi et mes "compagnons" une fois extirpés du véhicule, d'autres hommes nous rejoignent. Sous la pluie incessante alors qu'ils nous disposent en rangée, il ne me reste qu'une seule pensée à l'esprit : nous voilà donc enfin arrivés, il ne manque plus que le costumes à rayures.
A peine ai-je le temps de me faire à cette idée, que ce qui doit être le directeur de cette maison de correction pour la délinquance juvénile commence son discours. Nul doute que ces quelques phrases ont été plus que rodées au cours de toutes ces années, tel qu'un vieux tube qui passe sans arrêt sur les radios.
"
Nous vous souhaitons la bienvenue dans notre humble établissement de redressement social. Ici se trouve des jeunes gens qui n'ont rien fait de plus que quelques petits larcins : vols en tout genre, rébellion face à l'autorité, trafic de stupéfiant et j'en passe. D'autres ont comme vous, un passé bien plus chargé. VOUS faîtes parti de ces cas pour qui nous ne pouvons plus faire grand chose. Meurtre ou tentative de meurtre, sachez que pour nous la distinction n'existe pas. Bon nombre d'entre vous n'êtes là qu'en attente de votre majorité nécessaire pour votre entrée dans un réel centre pénitentiaire. Les autres resterons ici jusqu'à la fin de leur peine. ….."S'ensuivit alors une longue liste sans grand intérêt pour moi, de ce que cet homme et son personnel attendraient à partir de ce jour de notre part et la petite phrase finale qui ne présageait rien de très réjouissant.
"….Comme nous savons que toutes ces règles vous sont nouvelles. Nous allons vous laisser quelques minutes pour y réfléchir. Après quoi, si l'un de vous a des questions à nous soumettre, nous nous ferons une joie de vous répondre."Sans rien ajouter, le directeur nous quitte enfin, nous laissant seuls avec nos gardes.
Cet établissement ne porte peut-être pas le nom de prison, mais il n'en ai pas moins une, encore moins un club de vacance, entre les deux je dirais. Je redoute ce que nous sommes censés tirer de ce premier test. Voilà déjà une bonne heure que nous sommes là, sous la pluie glaciale même pas un petit rayon de soleil pour nous réchauffer, convenablement alignés et silencieux. Je ne doute pas un seul instant que d'autres que moi souffre de cette position. Nous ne savons pas ce qu'attendent nos surveillants qui passent et repassent indéfiniment entre nos rangs, habillés de leur ciré noir et bottes de cuir.
Souhaitent-ils que nous répondions à une question ? Testent-ils notre résistance physique et moral ? Ou ne s'agit-il que d'un simple passe temps pour des gardiens ennuyés par leur quotidien ? J'ignore tout de leur volonté. La seule chose que mon corps me rappelle sans cesse est que nous avons voyagé sans faire de pause plus de six heures, la route était vraiment longue, avant de nous retrouver debout depuis deux heures sous cette pluie glaciale. Je suis exténué, déroutés et apeurés. Mais je ne veux pas croire être le seul dans cette position désagréable. Tout cela sans compter que la vie qui conserve tous ses droits me joue un vilain tour.
J'ignore s'il s'agit de la peur ou juste du froid qui engourdit tous mes membres mais je tremble de plus en plus. Je suis effrayé et épuisé par cette attente. Mon voisin de route c'est lui littéralement effondré. Une personne est venue le chercher pour l'emporter. Mise à part ces réactions, aucun autre n'a encore osé briser le silence pesant qu'on nous impose. Mains jointes derrière le dos, il me semble que je perd de plus en plus mon équilibre. On ne sait toujours pas ce qu'ils attendent de nous mais une chose est sûre, je tiendrais encore mais pas indéfiniment.
Dans ce brouillard opaque qui ensevelit mon esprit, je n'ai même pas le soutien de la colère de me savoir innocent. Non je suis seul responsable de ma présence ici, j'ai choisi la mauvaise branche, certain diront. Je mérite la sentence qui m'a été donné. Mais cela n'enlève en rien la peur qui me broie l'estomac.
L'attente dura encore deux heures avant qu'un homme ne vienne enfin nous voir de nouveau.
"Des questions ?"Au silence qui remplit la cour déjà enveloppée par l'obscurité de la nuit, les surveillants nous ordonnèrent enfin d'avancer vers le bâtiment situé à notre gauche. Une fois dans une grande salle similaire à un réfectoire, ce n'est pas un dîner que nous trouvons. Mais ce qui semble être un chef de section prit alors une liste pour nous appeler l'un après l'autre. D'après la couleur de nos dossier, celui-ci nous indique ensuite l'étage et le numéro de nos chambres. Il s'agit de dortoirs pour les plus jeunes ou moins violents capables de coexister ou de chambre similaire à une cellule pour les plus âgées ou plus violents. De toute évidence, je fais parti de ces derniers.
Fin